Après un début de saison de concours difficile et une forte remise en question, j’en était arrivée à la conclusion que malgré beaucoup d’amour, je n’avais aucun feeling avec mon cheval, et malheureusement, sans confiance mutuelle, impossible pour nous d’aller derrière les barres. J’ai décidé, avec l’appui de mon papa, de demander son avis sur le sujet à Alain qui suivait déjà les deux poulains de mes parents et que je connaissais depuis quelques années, et il était prêt à nous aider. 

 

Nous avons donc commencé à travailler avec lui, tout d’abord à la longe et en licol. Déjà ces premiers exercices étaient difficiles pour nous, non pas par l’aspect « technique » de la chose, mais pour simplement arriver à capter lorsque mon cheval était serein, ou au contraire stressé, tout en le montrant à sa manière. C’est là que j’ai commencé à comprendre que je pouvais discuter et m’accorder avec mon cheval.

 

La séance suivante, nous avons appris le travail aux rênes courtes. Là encore, ce ne fut pas chose facile au début. Cela nous a permis de faire comprendre à Ayneken qu’il pouvait être mobile des épaules et des hanches, ainsi que dissocier les deux, et ce travail a été la base de tout ce que nous avons pu faire après, une fois en selle. Pour ma part, j’ai compris que je pouvais vraiment travailler mon cheval tout en étant à pied, et en sécurité.

 

Car peu après, à la suite d’une chute en extérieur qu’Alain nous a aidé à comprendre, nous avons fait une seconde séance aux rênes courtes et en extérieur, ce qui m’a permis de comprendre encore un peu plus les comportements de mon cheval et d’agir en fonction de ses réactions.

 

Tout ce travail à pied tombait à pic, car j’avais décidé peu de temps avant de déferrer mon cheval des quatre pieds, nous avons donc pu travailler tout en laissant le temps au cheval de se faire à ce changement.

 

Puis, après une séance d’ostéopathie avec Karine, nous sommes passé au travail monté, en dressage pur. Montant en parallèle deux chevaux de dressage maîtres d’école qui m’ont beaucoup appris, dont une jument que je monte aussi avec Alain, j’ai pu réellement mettre mon cheval à cette discipline.

 

Au fur et à mesure des séances, je sentais mon cheval s’exprimer de plus en plus, prendre du plaisir à apprendre, et lui qui se braquait et reculait à la moindre demande de déplacements latéraux, était de nouveau à mon écoute, les oreilles mobiles et commençait à se gérer seul, sans que j’ai besoin de le porter et de l’assister, tout cela avec douceur et renforcement positif.

 

J’ai, moi aussi, beaucoup changé ma façon de monter au fur et à mesure. Je tiens beaucoup plus mes épaules et mon buste, j’agis moins avec mes mains et plus avec mon dos et mes jambes, et le plus important, je récompense et caresse beaucoup plus mon cheval maintenant que je suis consciente de ce qu’il me donne, grâce à Alain.

Nous sommes aussi passés d’un mors légèrement torsadé à un mors simple double brisure pour dresser, nous nous passons à présent des éperons lorsque nous travaillons sur le plat, et nous réglons le problème d’équilibre en avant du cheval par le dressage et sans artifices.

 

Après seulement 3 séances de dressage, et beaucoup de travail à coté, j’ai aujourd’hui un cheval qui réalise de vrais allongements au trot, qui effectue sans difficultés épaules en dedans, contre épaules en dedans, cessions au pas, qui bouge ses épaules et ses hanches indépendamment, le tout en se plaçant naturellement.

 

Ayant repris l’obstacle depuis peu, j’ai souhaité qu’Alain nous voit aussi sur les barres, pour m’aider à « déchiffrer » mon cheval. Beaucoup de questions sur les réactions de mon cheval étaient pour moi en suspens lorsque nous abordions des obstacles.

 

Durant cette dernière séance de l’année, nous avons travaillé sur des petits obstacles.

 

L’objectif était de dresser entre les obstacles que j’enchainais, de laisser le cheval faire des erreurs pour pouvoir les corriger, et de prendre la séance avec sérénité.

 

Je me suis rapidement rendu compte qu’au lieu de faire attention à mon cheval, d’être à son écoute, je ne regardais que ma technique, mes abords, avoir la place parfaite…

 

Et c’est là qu’Alain a fait un travail extraordinaire, car il a réussi à nous reconnecter tous les deux. Nous avons laissé de côté la technique un instant, et, comme à chaque séance, le but était de responsabiliser le cheval, qu’il puisse prendre lui-même des décisions, sans que le cavalier l’assiste. Cependant, tout le travail de dressage en amont nous a énormément servi, ne serait-ce que dans nos courbes pour aller sauter. Ce fût encore une séance riche d’apprentissage et d’émotion.

 

Nous allons commencer cette nouvelle saison de concours sur des petites épreuves pour prendre confiance en nous, et toujours accompagnés des précieux conseils d’Alain qui connait les chevaux mieux que quiconque, pour pouvoir encore et toujours progresser et maintenir ce lien qui se crée un peu plus chaque jour entre Ayneken et moi.

 

Comme disais Nuno Oliveira, il y a deux choses en équitation : la technique et l’âme, et sans l’âme, la technique nous est inutile.

 

Je remercie milles fois Alain qui m’a aidée à comprendre cela, et à comprendre mon cheval.