reçu le 25 mai 2008 Bonjour Alain,

 

Vous êtes venu à Saint Montan il y a quelques semaines et je vous en remercie.

Je suis propriétaire de deux chevaux, un selle belge d'une dizaine d'années nommé Garou et un petit cheval sans race, Pinot, 6 ans. Garou est venu de Belgique en France avec moi, il y a 4 ans.

 

Lors du voyage en van, nous avons eu de gros problèmes. En effet, après 450 km, arrêt sur une aire d'autoroute pour souffler un peu, mais, lors du démarrage trop brusque sans doute, Garou a pris peur, s'est énervé (le van remuait dans tous les sens). 

 

Lorsque l'on a ouvert la porte de secours, il était écroulé et pendu à son attache. Il a fallu couper le licol pour le dégager  et lorsque l'on a ouvert les portes arrières du van, Garou, libéré de ses liens, mais toujours écroulé, a jeté un oeil vers la lumière et dans un coup de rein terrible, a fait une culbute en arrière pour se retrouver debout sur le pont. Nous étions sidérés.

 

Il est sorti indemne, avec juste quelques égratignures, mais n'a plus jamais voulu remonter dans le van , malgré l'assistance d'un véto appelé en urgence sur le parking de l'autoroute...

 

Il a passé la nuit chez un agriculteur bienveillant de la région et a terminé le trajet avec un transporteur professionnel dans un camion. Les rares trajets qu'il a fait ensuite, ce fut chaque fois avec des professionnels. Il y a un an, j'ai déménagé.

 

Il fallait à nouveau transporter Garou. J'ai encore du faire appel à un pro pour le faire monter dans le van.

Et en descendant lentement la petite route étroite et sinueuse de montagne que je devais emprunter, un camion est arrivé à vive allure en face de moi. J'ai bien du freiner, la route ne permettait le passage qu'à un véhicule.

 

Je n'ai pas compris de suite qu'il y avait un problème. Ce n'est qu'après quelques longues minutes que j'ai vu les appels de phares de mon ami qui me suivait en voiture. En effet, il ne voyait plus la tête de Garou par la fenêtre du van. Je m'arrête donc et  vite, nous ouvrons le van : le même spectacle horrible que trois ans auparavant : Garou écroulé et pendu, tout en sueur...

 

Nous avons coupé les liens en vitesse, cajolé Garou et fait sortir Pinot qui était de la partie cette fois, par la porte de secours. Pour Garou il a fallu de la patience et des encouragements, il a fini par se redresser. Nous ne l'avons pas laissé sortir. Pinot est remonté par la porte de secours... et on a redémarré.

 

J'ai mis trois heures pour faire les derniers 70 km, tant j'avais peur d'un nouveau problème... mais nous sommes arrivés à bon port cette fois. Pendant plusieurs mois, suivant des conseils en tout genre, nous avons essayé et ré essayé de faire monter Garou.

 

Rien à faire, il refusait, se cabrait, nous tenait tête. Garou n'est plus monté dans le van, à notre grand désespoir. Nous avons capitulé...

 

En janvier dernier, suite à un double saut de mouton trop puissant pour moi(...) de Garou, passant par-dessus son encolure, j'ai fait une méchante chute (avec fracture du péroné, entorse et énorme hématome, m'empêchant de monter Garou pendant deux mois). Autour de moi, beaucoup me disaient d'abandonner et de le vendre. 

 

Mais mon Garou est mon compagnon de voyage. J'ai changé de vie il y a quatre ans et il m'accompagne depuis, pour le meilleur et pour le pire...Encouragée et soutenue par deux amies cavalières, j'ai remonté Garou d'abord 10 minutes, puis une demi-heure puis deux heures. Avec une appréhension quand même.

 

Mes enfants m'encourageaient à prendre quelques leçons avec Garou pour le remettre à mes ordres. Mais comment faire avec un cheval qui ne veut pas monter dans un van?

 

Et il y a un mois, je vois sur le comptoir d'un magasin d'équitation, la photo d'un cavalier souriant sur son cheval, avec la mention : "Education de chevaux et conseils à domicile" et un numéro de téléphone.

 Je vous ai téléphoné, Alain.

 

Vous m'avez gentiment demandé quels étaient mes problèmes, vous m'avez écoutée et vous m'avez rassurée. Garou devait seulement avoir eu une manifestation de joie du fait de faire une rando après deux mois de pré sans sortir et j'aurais simplement du le longer pour lui faire perdre son trop plein d'énergie. 

 

Ce n'était pas nécessaire de le reprendre à votre sens. Je vous ai alors raconté les refus de monter dans le van pour Garou. Et aussi mes difficultés pour longer mon petit Pinot (J'ai essuyé de nombreux refus, me suis fait botter et  n'ai plus osé le longer).

 

Vous êtes venu, Alain, un matin pluvieux, voir mes chevaux.

 

 Vous avez d'abord pris Pinot. Pour le faire tourner à la longe. Et en même temps que vous le faisiez travailler, vous m'expliquiez :

 

Tout d'abord, un grand principe : SE FAIRE RESPECTER. Ne pas accepter le manque de respect! (Pinot voulait se frotter le nez contre vous). Mais ne pas s'énerver, ni le frapper, parler doucement, sans hausser le ton. Seulement le repousser avec les deux poings sur l'encolure, jusqu'à ce qu'il recule et alors, le féliciter.

 

Toujours exiger le respect, dès qu'il se rapproche trop, le repousser. L'attacher sur le côté (ainsi, s'il fait mine de botter, on tire : la tête puis le corps tournent, il ne peut pas nous atteindre).Tenir la longe d'une main, la chambrière, de l'autre, dirigée vers l'arrière train, mais sans le toucher. Le tenir près de soi puis l'écarter, le pousser (avec la chambrière moyenne  -c’est plus facile-) et ce progressivement. 

 

Et sitôt qu'il part, lâcher, donner du lest. Ce n'est pas grave s'il part au trot. Pour le ralentir, dire  "MARCHE" doucement, lui parler doucement, surtout ne pas crier et me mettre en avant de lui, pour le freiner, et pour le stopper, dire "OOH, LAA". Pour demander le trot, dire :

 

"TROTTE", parler avec plus d'énergie et toujours avec les même mots, pour qu'il comprenne la différence. Rester au centre, sans bouger. C'est lui qui tourne. Pinot a bien essayé de vous botter un petit coup, mais sans résultat, vous l'avez tenu à distance et avez conclu : "ce ne serait pas amusant, sans cela!".J'ai alors voulu essayer, à mon tour.

 

Vous m'avez corrigée et redit l'essentiel et ça a marché! Pinot a bien voulu tourner, avec moi aussi...  Je n'en croyais pas mes yeux.

 

On a remis Pinot au pré et on a pris Garou. Pour le faire monter dans le Van...

 

 Tout en le faisant, vous avez dit : Toujours pareil : SE FAIRE RESPECTER, ne pas accepter le manque de respect! Mais ne pas crier, ne pas le frapper. Attacher la longe sur le côté, pas en dessous, de manière à pouvoir le tirer sur le côté pour se faire respecter et ce, doucement, sans s'énerver.

 

L'emmener vers le Van en se tenant à côté de lui. Lui faire mettre les deux pieds sur le pont, attendre un peu. Puis le faire reculer en se mettant devant lui et en le poussant du corps.

 

Puis le faire revenir un peu plus loin sur le pont, toujours en se tenant juste à côté de sa tête. Le faire reculer. Et ainsi de suite, toujours plus loin, lentement!Ne pas crier, parler doucement. S'il veut reculer, le laisser faire. Ne pas tirer (il est plus fort que moi!).N.B. : s'il veut rentrer sur le côté, le laisser faire. Certains chevaux préfèrent.

 

Une fois qu' il est entré, le féliciter, attendre un moment, le laisser tout regarder, sentir. Pour le faire sortir en reculant, lui mettre la longe sur l'encolure, sans la tenir.

 

Et se mettre devant lui en disant doucement : recule et en le laissant faire.

Quelqu'un d'autre le réceptionne à la sortie.

 Un grand principe :Etre sûr de soi : "je peux le faire"!

J'ai voulu essayer et miracle!!! Garou m'a suivie dans le van sans aucun problème. Je l'ai embrassé et en avais les larmes aux yeux de bonheur.

 

Trois semaines ont passé et vous m'avez appelée pour savoir où j'en étais. Il avait beaucoup plu et je n'avais malheureusement pas eu l'occasion de réitérer ces expériences. Mais hier matin, j'ai pris le temps de le faire, plus trop sûre de moi.

 

D'abord, faire tourner Pinot : dur, dur. Mais mon ami, lui, y est arrivé et ensuite, j'ai pu le faire aussi. Ouf...Ensuite, mon amie cavalière est arrivée et nous sommes parties en balade, elle sur Pinot, moi sur Garou. A notre retour, je me sentais très proche de mon grand Garou. J'ai décidé de le faire monter dans le van ouvert et prêt à le recevoir. 

 

Mon amie, toujours très sûre d'elle, me l'a pris des mains et l'a fait monter sans l'ombre d'un refus... Pour sortir, elle le tenait par la longe, erreur : Garou a un peu sautillé mais ça s'est bien passé quand même. A mon tour j'ai pris Garou. Il m'a suivie sans hésitation. Pour la sortie, je lui ai mis la longe sur l'encolure, en le lâchant. Il est sorti tout doucement, comme s'il avait fait ça toute sa vie...Et voilà..

 

J'espère que lors de ma prochaine tentative, tout se passera aussi bien. Ainsi je pourrais peut-être venir vous accompagner lors d'une de vos prochaines sorties en groupe?

Il me reste un problème majeur, c'est que mon ami ne monte pas bien. Il a 62 ans et ne se sent pas trop le courage d'aller suivre des cours dans un centre équestre.

 

Ne connaissez-vous personne qui se déplacerait à domicile et pourrait le mettre en confiance?Si vous souhaitez utiliser tout ou une partie de ce témoignage pour votre site ou si vous voulez l'adapter, en modifier des éléments, faite-le.

 

Je serais heureuse que cela puisse vous être utile.

Je vous dois beaucoup : une remise en confiance et de mes chevaux et de moi-même.

Je vous en suis très reconnaissante.

 

Avec toute mon amitié,

 Marie-Claire HUMBLET